Méditation quotidienne

Lorsque son ancien disciple, le pape Eugène III, fut élu au souverain pontificat, saint Bernard lui écrivit une lettre bien inspirée dans laquelle il le conseillait au sujet du gouvernement de l’Eglise et soulignait, entre autres choses, l’importance de la méditation quotidienne.

« Si je te vois consacrer à la seule action, sans rien en réserver à la méditation, tout ce que tu as de temps et de cœur, te louerai-je ? Non je ne te louerai pas en cela (I Cor. XI, 22). Pas plus que ne pourra le faire, à mon avis quiconque aura compris cette parole de Salomon : « Celui qui restreindra en soi la part de l’action entrera en possession de la sagesse » (Eccli. 38, 25). Et certes il n’est pas bon, pour cette action elle-même, que la méditation ne la précède.

« La méditation purifie la source d’où elle jaillit : l’esprit. Elle règle en outre les affections, dirige les actes, corrige les excès, gouverne les mœurs, rend la vie honnête et ordonnée ; enfin, elle procure également la science des choses divines et des choses humaines. 

« C’est elle qui précise ce qui est confus, resserre ce qui est relâché, rassemble ce qui est dispersé, scrute ce qui est caché, recherche ce qui est vrai, examine ce qui est vraisemblable, dévoile ce qui est déguisé et trompeur. 

« C’est elle qui règle d’avance les actions et repasse ce qui a été fait, afin que rien ne reste dans l’esprit qui n’ait été corrigé ou ait besoin de l’être. 

« C’est elle qui dans la prospérité pressent l’adversité, et dans l’adversité demeure pour ainsi dire insensible : deux vertus dont l’une est la force et l’autre la prudence. »

(De Consideratione, saint Bernard)