La prière, vie de l’âme

La prière domine la vie d’un séminariste. Les prières sont les signes de ponctuation de sa journée ; on pourrait en quelque sorte dire que sa journée est une prière. Une brève considération sur la nature de la prière et du séminariste éclaircira ce point.

Voyons tout d’abord la prière elle-même : selon la définition classique, elle est « l’élévation de l’esprit et du cœur vers Dieu ». Par l’esprit, il faut comprendre ici l’intelligence, et par le cœur, la volonté et non les sentiments. L’homme a besoin de prier ; c’est l’oxygène qui ouvre son âme à Dieu et qui la remplit de la grâce vivifiante.

Mais si tout homme a besoin de prier, à plus forte raison le séminariste. En effet, il entre au séminaire pour se consacrer au service de Dieu, en devenant clerc ou serviteur de l’Eglise. La première tâche du clerc est la prière ; chaque ordre qu’il reçoit au cours de sa formation est en quelque sorte dirigé vers la prière. Il offre à son Créateur et Père des louanges pour sa majesté et des actions de grâces pour ses nombreux bienfaits, tout en lui demandant les biens et les grâces qui lui sont nécessaires, à lui et à ses ouailles, ainsi qu’en lui offrant des réparations pour ses fautes et les leurs.

Sans la prière, il ne peut espérer réaliser quoi que ce soit de solide et de durable dans son ministère. Si, en négligeant la prière, il fait reposer son apostolat sur ses propres forces plutôt que sur Dieu, qu’il soit certain que Dieu le laissera découvrir par lui-même les fruits gâtés que son action produit.

La prière est omniprésente

Dans la vie d’un séminariste, la prière est omniprésente. Après les prières du matin et la méditation vient la messe quotidienne, suivie du déjeuner, des cours et du dîner, tous commencés et terminés par des prières, puis de la récréation (souvent suivie d’une visite au Très-Saint-Sacrement), du chapelet, du souper (lui aussi encadré de prières) et finalement des complies, prière du soir de l’Eglise. En plus de tous ces temps de prière commune, le séminariste se livre souvent à quelques dévotions privées, tel un chapelet supplémentaire, un chemin de croix ou une communion spirituelle, sans oublier les lectures quotidiennes des Saintes Écritureset d’un bon livre spirituel qui, accomplies correctement, sont elles-mêmes des prières.

Les prières continuelles, publiques et privées, sont cependant limitées dans le temps : qu’elles soient courtes ou longues, elles finiront tôt ou tard, et le séminariste retournera à ses études, charges et services journaliers. Mais la prière ne doit pas s’arrêter là. Il est possible et en réalité désirable de prier tout le temps par l’offrande de chaque action à Dieu, si banale qu’elle puisse être, et tout au long de la journée. Les courtes prières avant et après chaque activité sont précisément propres à renouveler cette intention surnaturelle qui tend à être engloutie dans les multiples occupations de la journée.

Par le soin apporté à renouveler ces petites offrandes, la journée du séminariste devient une prière continuelle, et à chaque instant, il rend gloire à Dieu, gagne des grâces pour les âmes et mérite la vie éternelle.


L’âme de tout apostolat par Dom Chautard

Dom Jean-Baptiste Chautard, O.C.S.O. (1858-1935), maître de vie spirituelle, est l’auteur de L’âme de tout apostolat qui traite de l’interdépendance de la vie active et de la vie contemplative. Il y montre la nécessité de la vie intérieure pour un apostolat efficace et spirituellement fécond. Saint Pie X a dit de ce livre qu’il était son « livre de chevet ». À lire absolument par tout catholique !