L'autorité du Pape n'est pas mise en question

Article du « Courrier de Rome » N° 285 - Septembre 1988

Au vu de ce qui précède, il devrait être clair aussi que Mgr Lefebvre n'a jamais mis ni n'entend mettre en question l'autorité du Pape, que ce soit globalement ou pour certaines de ses prérogatives. Il distingue, comme il est licite de le faire, entre la fonction du Pape et la personne du Pape ; celle-ci peut, en tout ou en partie « renuere subesse officio Papae » (Cajetan), se refuser à accomplir les devoirs de sa propre charge, en voulant, en favorisant ou en permettant une orientation ruineuse de l'Église (que ce soit par mauvaise volonté ou par négligence, par aveuglement ou par bévue personnelle plus ou moins coupable, peu importe, c'est à Dieu de juger). C'est pour cela que Mgr Lefebvre, au moment même où il va procéder aux sacres épiscopaux en l'absence de mandat pontifical régulier, a écrit aux futurs Évêques : « Je vous conjure de demeurer attachés au Siège de Pierre, à l'église Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les Églises, dans la Foi catholique intégrale, exprimée dans les Symboles de la Foi, dans le Catéchisme du Concile de Trente, conformément à ce qui vous a été enseigné dans votre Séminaire. »

La consécration épiscopale sans mandat pontifical régulier n'implique pas la négation du Primat, comme cela a été dit avec une incroyable légèreté ; cela non seulement parce que cette consécration est motivée et effectivement justifiée par un réel état de nécessité, mais aussi parce que l'on peut et que l'on doit raisonnablement présumer, en faveur d'un acte raisonnable posé pour le bien des âmes et rendu nécessaire par la situation, que le Pape l'aurait approuvé dans des circonstances normales, c'est-à-dire hors du cours extraordinaire des choses dans lequel se trouve objectivement l'Église aujourd'hui : il n'est pas pensable que le Vicaire du Christ puisse vouloir ou veuille la condamnation à mort des seuls Séminaires catholiques où fleurissent des vocations qui ne trouveraient aucun autre cadre dans lequel recevoir une formation sacerdotale droite ; il n'est pas pensable qu'il puisse vouloir ou veuille la condamnation à mort de l'unique Œuvre catholique qui secourt tant d'âmes plongées dans une angoisse et une pénurie spirituelles extrêmes. Ainsi que l'a redit encore Mgr Lefebvre à cette occasion, « le Pape (dans sa fonction de Pape) ne peut que désirer la continuation du sacerdoce catholique » c'est-à-dire de l'Église catholique dont l'édification est précisément toute sa raison d'être Pape.

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